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Les images surréalistes des dunes inondées du Sahara
Crinière de lionne et robe de lumière pour angelina jolie au festival du film de hollywood, lætitia casta, johnny depp, noémie merlant… le casting 5 étoiles du festival du film de rome, splendeur et misères du "phocéa", le bateau mythique de bernard tapie.
Le voilier, qui a fait rêver tant de marins, a sombré au large de la Malaisie le 19 février dernier. Construit en 1976 pour le navigateur Alain Colas, son histoire, romanesque, en a fait un mythe. Devenu yacht de luxe, il a séduit les grosses fortunes, Mouna Ayoub, Xavier Niel ou Bernard Tapie, son propriétaire le plus emblématique. Rebaptisé "Enigma", il naviguait ces dernières années dans les eaux troubles des paradis fiscaux.
« Grand bateau », c’est ainsi qu’Alain Colas surnommait son monocoque géant alors en construction dans l’arsenal du Mourillon, à Toulon. L’ex-élève de Tabarly, devenu son rival, s’est lancé dans un projet fou : concevoir et bâtir le plus grand voilier du monde pour prendre le départ de la Transat anglaise en solitaire de 1976. Un demi-siècle qu’on n’avait pas mis en chantier un tel navire : 72 mètres de longueur, 4 mâts, 250 tonnes, des innovations et des instruments à la pointe de la technologie.
Michel Bigoin, architecte naval marseillais, sera le maître d’œuvre ; Gaston Defferre, le parrain ; Gilbert Trigano, le sponsor de cette F1 des mers qui va s’appeler « Club-Méditerranée ». Dans cette aventure, tout est démesuré – y compris le budget de 10 millions de francs – et surtout périlleux. Car Alain Colas s’engage dans cette compétition avec un handicap : malgré une vingtaine d’opérations pour réparer sa cheville et son pied, broyés par une chaîne de grappin, il marche toujours difficilement. Il finira cinquième de cette course, remportée par Eric Tabarly.
Surendetté mais terriblement obstiné, le navigateur réarme « Club-Méditerranée » en bateau de croisière pour touristes américains et cabote sans grand succès dans l’archipel polynésien. Jusqu’à ce drame, survenu le 16 novembre 1978, lors de la première édition de la Route du rhum. Parti à bord de « Manureva », Alain Colas est officiellement porté disparu. Le bateau ne sera jamais retrouvé, ouvrant la voie aux spéculations les plus hasardeuses. Le marin laisse derrière lui sa veuve tahitienne Teura et leurs trois enfants : une fille, Vaimiti, 4 ans, et des jumeaux de 8 mois, Torea et Tereva. Reste « Club-Méditerranée », désormais sans capitaine. A l’abandon dans le port de Papeete, le fier voilier n’est plus qu’une épave rongée par la rouille.
Bernard Tapie , qui connaît les dettes abyssales de la famille, y voit une affaire à saisir. Il le rachète pour une somme dérisoire, tout en garantissant une rente destinée à financer les études des enfants d’Alain Colas jusqu’à leurs 18 ans. Pour lui, ce quatre-mâts n’est pas seulement synonyme de business, de montage financier ou de défiscalisation. Tapie tombe fou amoureux de cette carcasse légendaire pour laquelle il a de grandes ambitions. Rafistolé, le « grand bateau » rejoint Marseille pour quatre ans de travaux pharaoniques qui coûteront 68 millions de francs. Michel Bigoin, le concepteur du navire, va le réaménager pour en livrer une version 5 étoiles, sans l’alourdir. Il doit rester compétitif. Désormais yacht de luxe, rebaptisé « Phocéa » en hommage à Marseille, le bateau va battre en 1988 le record du monde de la traversée de l’Atlantique en monocoque d’ouest en Est. Record jamais tombé depuis 1905. Tapie est « à la barre », frôlant la mort, tout comme l’équipage, qui pousse le quatre-mâts jusqu’à ses limites. Tout lui sourit. On est en pleine Tapie-mania.
Dans ce bureau flottant, Bernard Tapie conclut le rachat d'Adidas et de Toshiba
Le « Phocéa » devient vite l’épicentre de sa galaxie professionnelle et personnelle. A son bord, au large de Corfou, il épouse Dominique. Dans ce bureau flottant, il conclut le rachat d’Adidas et de Toshiba, règle les transferts des joueurs et y fêtera en 1993 la victoire de l’OM en Coupe d’Europe. Le bateau lui permet de cultiver ses réseaux, d’organiser « séminaires » et réunions secrètes, comme ce fut le cas lors du scandale de corruption du match OM-Valenciennes. Le yacht sera aussi son talon d’Achille via l’affaire « Phocéa » qui le conduira devant les tribunaux pour abus de biens sociaux et fraude fiscale.
Tapie est à la prison de la Santé quand, en 1997, une annonce paraît dans le « Herald Tribune » : le « Phocéa » est à vendre. Mouna Ayoub, milliardaire jet-setteuse, le rachète pour 36,5 millions de francs et transforme son pont en salon VIP. Elle y organisera des séances photo tout à sa gloire, posant telle une sirène sculpturale en Bikini. Décoration tapageuse, fêtes démesurées, location à la semaine pour 180 000 euros… Mouna Ayoub exploite le yacht pendant treize ans. Puis, en 2010, il passe aux mains de l’homme d’affaires Xavier Niel, fondateur de Free, associé avec les frères Rosenblum (Pixmania). La gestion du bateau est confiée à un « homme d’affaires et investisseur du Vanuatu ». Endommagé dans une tempête en 2013, le voilier est convoyé vers la Thaïlande pour réparations. Il ne quittera plus l’Asie du Sud-Est, où il finira par couler mystérieusement après un incendie. L’épave repose aujourd’hui sur les fonds de l’île paradisiaque de Langkawi.
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